La Gartencoop de Freiburg est un exemple réussi de mise en œuvre d'un modèle d'agriculture solidaire. La coopérative est riche de 280 membres qui se partagent la responsabilité d'une ferme en périphérie de la ville et qui supportent ensemble les coûts et les risques d'un projet agricole. La totalité des récoltes - bonnes ou mauvaises, tordues ou droites - est distribuée à tous ses membres. Cet étonnant projet multi-facettes combine entre autres : une agriculture biologique et cohérente, le respect des saisons, l'utilisation de variétés paysannes non-hybrides, des distances et des circuits courts, l'économie solidaire, la propriété collective, l'éducation, et la reprise en main de l'agriculture par ceux qui la font et en vivent.
La GartenCoop de Freiburg, pour une agriculture solidaire
Cultiver en protégeant la nature - Entreprendre solidairement
Une agriculture industrielle conventionnelle sans avenir
La production alimentaire à l’échelle mondiale est aujourd’hui dépendante d’énergies fossiles dont la disponibilité décline rapidement et conduit à de graves tensions dans le monde.
Pour toute calorie comestible, ce système utilise en moyenne dix calories en énergie fossile.
Du champ à l'assiette, le système alimentaire mondialisé produit aujourd'hui environ la moitié des émissions de gaz à effet de serre. L’abattage systématique de forêts dans diverses régions, la dégradation des sols et la destruction d'espèces sont d’autres conséquences désastreuses de l’industrialisation de l’agriculture.
Malgré d’énormes investissements, des millions d’humains demeurent sous-alimentés.
Seul celui qui peut payer, peut se nourrir.
Parallèlement, la culture vivrière est en concurrence avec les productions de plantes fourragères et d’agrocarburants, plus rentables financièrement, destinées aux pays industrialisés.
Partout dans le monde des paysans sont expulsés de leurs terres pour laisser la place aux intérêts spéculatifs de grands groupes multinationaux par le jeu de droits de propriété ad-hoc.
Seules des formes sociales autres que celles de la production de marchandises et la privatisation des terres pourront mener à une sortie des crises climatique et alimentaire.
Il est en outre nécessaire de s’orienter à l’échelle mondiale vers des pratiques agricoles écologiques et des circuits de proximité. Des transformations radicales doivent donc intervenir dans le système
alimentaire. Ce sont les besoins des humains, des animaux, des plantes et du sol qui doivent être au centre de l’intérêt, et non la réalisation de profits par des entreprises agissant dans un marché concurrentiel et spéculatif.
L'idée
En 2009, un groupe très motivé de 20 agriculteurs-trices, étudiant-e-s, militant-e-s sociaux et écologiques se constitue et décide de prendre en main son alimentation. Inspiré entre autres, par les Jardins de Cocagne à Genève, il crée une association d’agriculture solidaire, notre GartenCoop.
Après deux années à la recherche de terres exploitables, nous pouvons démarrer notre production maraîchère en février 2011 à Tunsel, à 20 km de Freiburg.
Fonctionnant en économie collective et solidaire, la GartenCoop approvisionne ses 280 membres en légumes biologiques en pratiquant une agriculture respectueuse des sols et de l’environnement.
Partage des coûts et des moyens de production
Chaque participant choisit librement sa contribution financière aux charges annuelles. Celui qui a de faibles moyens paiera moins que la moyenne théorique, et celui qui le peut paiera plus. Le but est qu'au moment du bilan, le total des contributions corresponde à la totalité des dépenses prévues. Ce principe offre une plus grande sécurité et un salaire décent aux agriculteurs. C’est ainsi que se crée une communauté variée et solide indépendamment des moyens de chacun.
La communauté ne paie pas pour acquérir des légumes, mais bien pour rendre possible une production durable et solidaire. Il s'agit d'une économie planifiée par le bas, centrée sur les besoins et le long terme. Les légumes perdent leur prix et retrouvent une valeur vraie.
La coopérative achète collectivement ses moyens de production. Chaque membre accorde un crédit direct et sans intérêts à la coopérative pour financer l'équipement. Chacun récupère son crédit s’il quitte la communauté.
La terre, un bien commun